Assa Traoré

Assa Traoré

« Nous avons des droits mais si l’on ne sait pas les utiliser, ça ne sert rien »

 

Assa Traoré

 

Assa Traoré. KENZO TRIBOUILLARD/AFP

Militante très connue en France mais aussi chez nous en Belgique, Assa Traoré ne cesse de se battre pour que la justice soit rendue pour la mort de son frère, Adama Traoré, victime de violences policières. Elle est même vue, à seulement 36 ans, comme un emblème vivant de la lutte contre le racisme et les violences policières en France. Née le  janvier 1985  dans le 9ème arrondissement de Paris, elle est issue d’une famille polygame orginaire du Mali. Elle considère les 4 femmes de son père comme ses mères et a 17 frères et sœurs. Assa et son frère Adama n’ont pas la même mère mais cette famille est si soudée que les deux épouses vivent ensemble à Beaumont-sur-Oise.

Dès le CM2 (qui équivaut à la dernière année primaire en Belgique), Assa Traoré voit naître en elle un intérêt pour le métier d’éducatrice, après la présentation des éducatrices de la protection judiciaire de la jeunesse, dans sa classe. Elle obtient son diplôme en 2007, et travaille à Sarcelles pour la fondation OPEJ- Baron Edmond de Rothschild (ancien réseau résistance pour la protection des enfants juifs) jusqu’en 2019.

A 23 ans, elle quitte le foyer familial mais reste la cheffe de sa famille depuis la mort de son père en 1999. C’est une des raisons pour lesquelles elle continue la lutte pour la mort de son frère. Une lutte contre un Etat français, sa police et sa justice qui, selon elle, sont profondément ancrés dans le racisme institutionnel et systémique. 

C’est en 2016 que le  combat commence pour cette mère de 3 enfants lorsque son frère, Adama Traoré, meurt à la suite d’une interpellation policière. En effet, certaines expertises médicales indiquent que l’asphyxie est la cause de la mort du jeune Traoré; tandis que la police, elle, appuie sur les antécédents médicaux  de ce dernier. Assa Traoré a rédigé deux ouvrages qui mettent en lumière cette lutte pour la justice. Elle a co-écrit “Lettre à Adama” avec Elsa Vigoureux qui traite de L’affaire Adama, aux éditions Le Seuil en 2017. Elle rédige également aux côtés de Geoffroy de Lagasnerie “Le combat Adama” sorti aux éditions Stock en 2019. 

 

Sources

[1] https://www.liberation.fr/france/2016/09/06/assa-traore-le-droit-de-savoir_1486795/
[2] https://www.nouvelobs.com/societe/20170517.OBS9529/10-choses-a-savoir-sur-assa-traore.html
[3] https://www.closermag.fr/politique/adama-traore-qui-est-sa-soeur-assa-1125944
[4] https://www.babelio.com/auteur/Assa-Traore/435176
[5] https://www.jeuneafrique.com/1116124/societe/assa-traore-les-noirs-et-les-arabes-ne-sont-pas-en-securite-en-france/
Aïssa Maïga

Aïssa Maïga

Citation intéressante : “Je ne connais pas une actrice, quelle que soit sa couleur de peau, qui n’a pas été confrontée à des stéréotypes”

Actrice, humoriste, et productrice de cinéma, elle compte parmi celles qui brisent l’omerta sur les discriminations des femmes noires au sein du cinéma français.

Aïssa Maïga naît en 1975 à Dakar au Sénégal, et est éduquée par son père qui l’élève seul. A ses quatre ans, ils s’installent à Paris. Son père meurt alors qu’elle a 7 ans. Journaliste engagé, il avait participé à la première révolution burkinabée organisée par Thomas Sankara dans les années 1980. Elle est alors élevée à Paris par son oncle et sa tante. (1)

Malgré, ses longues années passées dans la capitale française, elle se sent encore stigmatisée en raison de ses origines. Elle a déclaré à Afrique Magazine “Je vis à Paris depuis plus de trente ans, c’est absurde d’être toujours définie par mes origines ou mon pays de naissance. Si je suis consciente que ce qui est dit est une vérité, je refuse d’être réduite à ça. Aujourd’hui, par chance, je commence à y échapper.” (2)

Elle découvre sa passion pour la comédie au collège en jouant dans une pièce organisée par une de ses professeures. À l’âge de 19 ans, elle intègre un projet artistique au Zimbabwe dans lequel elle y découvre les pièces engagées, des comédiens locaux et le théâtre d’intervention. Sa passion pour la comédie ne cesse de s’amplifier; c’est alors qu’elle décide de faire de la comédie sa vocation. Mais en France, elle est rapidement déçue de découvrir qu’elle n’a pas l’accès au répertoire de rôles classiques. En effet, lui sont constamment proposés des rôles qui renvoient aux stéréotypes coloniaux de “la femme noire” : sans papiers, infirmières, baby sitters, prostituées, femmes hypersexualisées… Jamais avocate, ni médecin.

« J’ai commencé à aller dans des castings. C’était soit mon agent qui s’en prenait plein la gueule, soit moi-même. Les gens lui disaient : “t’es conne ou quoi, on t’a demandé une comédienne de 20 ans, on t’a pas demandé une noire”. J’ai une palette de jeu aussi riche qu’une actrice blanche. Partant de là, je peux tout jouer : je ne suis pas juste une sans-papier » (3)
[a][b]

Finalement, en 2007, elle est nommée dans la catégorie des César du meilleur jeune espoir féminin, grâce à son rôle principal dans Bamako. Elle explique que 2007 est l’année où on réalise que la France a un visage multiculturel qui nécessite d’être représenté au cinéma. Mais malheureusement depuis, les choses n’ont pas tant changé. Si en effet cette nomination lui permet de se créer un réseau, et d’accéder à de nouveaux rôles, en réalité, elle est une des rares actrices noires française à avoir réussi à maintenir cette célébrité. (1)

En 2018, elle fait paraître un ouvrage intitulé Noire n’est pas mon métier, qui regroupe un collectif de seize femmes noires ou métisses témoignant de leur expérience dans le monde du 7ème art, et dénonçant les rôles restreints qui leur sont attribués. Ce manifeste est un appel à une représentation plus juste de la société française au cinéma, au théâtre, à la télévision, et dans la culture en règle générale. (4)

Lors de la cérémonie des Césars 2020, Maïga livre un discours dénonçant le manque de diversité du cinéma français. Elle déclare : “On a survécu au whitewashing, au blackface, aux tonnes de rôles de dealers, de femmes ménages à l’accent bwana, on a survécu aux rôles de terroristes, à tous les rôles de filles hypersexualisées… Et en fait, on voudrait vous dire, on ne va pas laisser le cinéma français tranquille.” (5)

Pour répondre aux réactions que suscitent son discours, qualifié “gênant” et “mal placé”, elle explique dans une interview au Huffington Post : “Le malaise se sont les chiffres qui disent que les noirs, les arabes, les asiatiques à l’écran sont surreprésentés dans les rôles à caractère négatif. Le malaise n’est pas une actrice qui vient dénoncer ça sur la scène des César” (6)

Pour changer le cinéma à la française, elle propose l’instauration de quotas, d’incitations financières, un cahier des charges très précis auprès des chaînes de télé publique. Elle incite au dialogue pour trouver des solutions en France. (7)

Elle s’engage notamment à libérer la parole sur les violences faites aux femmes et aux enfants. Elle déclare avoir vécu l’inceste à l’âge de 15 ans par son oncle. Pour elle, cette prise de parole était nécessaire pour poursuivre ses luttes : “Je sais que je n’aurais pas pu prendre la parole de façon aussi frontale sur les questions du racisme et de discrimination si je n’avais pas d’abord effectué cette traversée-là.” (8)

Aujourd’hui, Aïssa Maïga vient de terminer son documentaire Regard Noir, diffusé le 16 mars 2021 sur Canal +. Inspiré de Noire n’est pas mon métier, elle élargit son sujet sur la question des rôles attribués aux acteurs.trices noir.e.s en posant son regard sur le continent américain. (8)

1. Rokhaya Diallo, “Bet talk – Aïssa Maïga” : interview avec Aïssa Maïga,
Bet talk, 09/10/18 https://www.youtube.com/watch?v=snHR8X7KCO4

2. Yasmin Brahim, “Aïssa Maïga”, Afrique magazine, 07/16 https://www.afriquemagazine.com/aissa-maiga

3. Aïssa Maïga – Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Aïssa_Maïga

(4) di Alexandra du Boucheron & Sandrine Etoa-Andegue, “ “Noire n’est pas mon métier” : 16 actrices signent un livre-manifeste pour une représentation plus juste au cinéma”, France Info, 03/05/2018, https://www.francetvinfo.fr/societe/droits-des-femmes/noire-n-est-pas-mon-metier-16actrices-signent-un-livre-manifeste-pour-une-representation-plus-juste-au-cinema_2735277.html

(5)Aïssa Maïga, Discours aux César, Canal +, 28/02/2020 https://www.facebook.com/canalplus/videos/1108613199477617/

(6) “Aïssa Maïga revient sur le « malaise » de son discours aux César 2020”, Huffington Post 11/03/20 , https://www.youtube.com/watch?v=DaaM6TKW5k4

(7) interview à France Culture https://www.franceculture.fr/cinema/aissa-maiga-noire-nest-pas-son-metier

(8) Françoise-Marie Santucci, “Aïssa Maïga, “Toutes les luttes se rejoignent” ”, Marie Claire, 22/03/21, https://www.marieclaire.fr/aissa-maiga-interview-racisme-cinema-francais-inceste,1371407.asp

[a]( océ) vu que c’est une citation qui fait plus 1page 1/2 s’il faut supprimer un passage pt celui là mais sinon je trouve ça trop bien ! bravo pour votre travail 😀
[b]Voilà j’ai un petit peu raccourci. Jsp si c’est assez.

Sojourner Truth

« Il y a une grande agitation à propos des hommes de couleur qui obtiennent leurs droits , mais pas un mot sur les femmes de couleur ; et si les hommes de couleur obtiennent leurs droits, et non les femmes de couleur les leurs, vous voyez que les hommes de couleur seront maîtres des femmes, et il sera tout aussi mauvais qu’avant. »

 Convention sur l’égalité des droits, New York, 1867

Sojourner Trhuth 

                                                        Sojourner Truth (National Portrait Gallery/Wikimedia Commons/CC

 

Introduction

Dans l’article sur l’intersectionnalité du 21 mars, vous aurez probablement remarqué l’importance de Sojourner Truth dans les combats pour les droits civiques des femmes et des noirs en Amérique. Nous étions obligés de vous présenter aujourd’hui cette grande dame afin de clôturer en beauté le mois de mars qui honorait les Droits des Femmes.

Biographie

Née en 1797, Sojourner Truth est une pédagogue et oratrice. Il s’agit d’un personnage emblématique dans la lutte pour l’abolition de l’esclavage, pour le droit des femmes et les droits civils et contre le racisme[1] [2].

Noire américaine [a]durant la période esclavagiste, Isabella Baumfree naît esclave de parents capturés dans l’actuel Ghana et Guinée et est confrontée dès son plus jeune âge au racisme [1] [4]. A l’âge de 9 ans, elle est vendue au prix de 100$ à John Neely. [3] Elle subit des punitions violentes et est tenue d’effectuer des travaux pénibles [2]. Elle est revendue deux autres fois et finit à New York dans la famille Dumont.[3]

A ses 18 ans, elle tombe amoureuse de “John” un esclave de la ferme d’à côté. Étant impossible, à l’époque, de se marier avec un esclave d’un autre propriétaire, elle est forcée de se marier avec “celui” de Dumont, “Thomas”. [3] En 1815, elle a son premier enfant. Elle donne naissance à 5 enfants au total. [2] Son propriétaire Dumont lui promet de la libérer, mais change d’avis à la dernière minute. [3]

En 1826, elle s’enfuit avec sa fille afin d’être émancipée [b]et rejoint une famille abolitionniste qui a payé 20$ pour sa liberté. Cette famille va également l’aider à récupérer son fils, vendu à 5 ans comme esclave dans le sud du pays[2]. Elle poursuit en justice l’homme qui a vendu illégalement son enfant et obtient gain de cause. Il s’agit de l’une des premières fois qu’une femme noire obtient un jugement favorable contre un homme blanc devant les tribunaux des États-Unis. [4]

Un an plus tard, New York adopte une loi d’affranchissement des esclaves. L’année suivante, Truth s’y installe et travaille pour un pasteur [2].

Dès 1830, Truth devient oratrice. En 1843, elle se convertit au christianisme et se rebaptise sous le nom de Sojourner Truth [2][3]. Elle se donne pour mission d’enseigner ses idées sur le droit des femmes, leurs conditions serviles et l’abolition de l’esclavage.

Elle devient une pédagogue et oratrice reconnue bien qu’elle n’ait jamais appris à lire ou écrire. Elle fait également des discours pour l’organisation anti-esclavagiste créée par l’abolitionniste William Lloyd Garrison.[2]. Elle rencontre Frederick Douglass qui est un abolitionniste réputé. Néanmoins, Truth finit par mettre fin à son combat avec Douglass notamment en raison des divergences d’opinions[c]. En effet, Truth revendique un suffrage universel alors que Douglass considère qu’il est nécessaire de s’occuper du suffrage des hommes avant de s’inquiéter de celui des femmes.

En 1850, Olive Gilbert aide Sojourner Truth à écrire son autobiographie, The narrative of Sojourner Truth. Un an plus tard, entame une tournée de conférences portant principalement sur la condition des femmes et sur les inégalités raciales.

C’est à la Convention des Droits des Femmes en Ohio en 1851 qu’elle prend la parole et appuie sa situation de femme noire. Elle aborde pour la première fois implicitement le concept d’intersectionnalité. (N’hésite pas à aller lire l’article sur l’intersectionnalité pour en savoir d’avantage!) [3]

Quelques années plus tard, la Guerre de Sécession éclate dans tout le pays. Elle incite les jeunes hommes noirs à rejoindre la cause de l’Union. Elle use de sa réputation pour apporter de l’aide et du réconfort aux soldats afro-américains [1].

Son combat reprend après la Guerre. Elle lutte contre la ségrégation raciale, les conditions de travail lourdes et discriminatoires pour les Afro-américains et revendique les droits civiques pour tous. Elle s’implique dans le Freedmen’s Bureau qui aide les esclaves libérés à trouver un emploi. Elle commence une pétition, fin 1860, pour donner des terres aux anciens esclaves. Bien qu’elle reçoive un nombre important de signatures, le Congrès ne fait pas suite à sa demande [4].

Sojourner Truth décède en 1883. Son nom nous rappelle le courage dont elle a fait preuve, mais également sa lutte pour les droits des femmes et pour l’abolitionnisme [5].

Elle a marqué les femmes de son époque, mais également les femmes d’aujourd’hui.

SOURCES

[1] UNESCO, “Sojourner Truth - Biographie”, disponible sur www.unesco.org.
[2] Michals, D., “Sojourner Truth”, National Women’s History Museum, disponible sur www.womenshistory.org, publiée en 2015.
[3]History, “Sojourner Truth”, disponible sur https://www.history.com, publié le 29 octobre 2009.
[4] “Sojourner Truth Biography”, disponible sur www.biography.com, publié le 2 avril 2014.
[5] Magnus Crawford, “Sojourner Truth Biography”, disponible sur https://fr.swashvillage.org, sd.
Rokhaya Diallo

Rokhaya Diallo

Citations

* L’évolution actuelle du racisme ne pourra être infléchie qu’à une seule condition : que les fondements du fonctionnement de notre société soient remis en cause.

Bibliographie

Née le 10 avril 1978 dans le 4ème arrondissement de Paris, Rokhaya Diallo est militante féministe intersectionnelle et décoloniale d’origine sénégalaise et gambienne. À côté de ses combats, elle est aussi journaliste, réalisatrice , écrivaine, chroniqueuse et tient un podcast [1] [3].

Elle est connue en Europe pour ses prises de positions sur le racisme et le sexisme tant à la télévision qu’à la radio. Ses livres “ Racisme : mode d’emploi” ou encore “ M’explique pas la vie mec” reflètent ces combats qu’elle mène depuis plusieurs années [1]. Notons qu’elle lutte contre de multiples discriminations. Elle a également produit un documentaire ciblant le cyberharcèlement intitulé “Les réseaux de la haine”. [5]

Depuis sa jeunesse, Diallo a toujours eu la flamme du militantisme. Pour financer ses études, elle travaille au Conseil local de la jeunesse en 2000. Dans ce cadre professionnel, elle a pour mission d’aider les jeunes les plus défavorisés dans leur insertion professionnelle [2].

Elle obtient son diplôme en droit international et européen en 2000 et poursuit son cursus scolaire à l’Université Panthéon-Sorbonne où elle sort titulaire d’un master en marketing et distribution dans l’industrie audiovisuelle en 2003 [2].

En 2007, elle fonde l’association Les Indivisibles. L’objectif de cette association est de “ déconstruire les préjugés grâce à l’humour”[a][b] pour lutter contre le racisme [3]. Toujours dans cette même idée de dénoncer le racisme sur le ton de l’humour, elle a créé la cérémonie “ Y ‘a Bon Awards”[c] [d]qui récompense, chaque année, des célébrités pour leurs propos racistes [3].

En 2009, Diallo devient chroniqueuse pour la Matinale de Canal+ et rejoint la chaîne de radio RTL. Entre 2011 et 2013, elle présente “Égaux mais pas trop ” sur LCP. Elle anime aussi “Fresh cultures” sur la station Mouv’ depuis 2011[2].

Cette militante aux multiples emplois est devenue l’exemple de plusieurs femmes. Elle reçoit, en janvier 2012, le prix de la lutte contre le racisme et la discrimination par le Conseil pour la Justice, l’Égalité et la Paix international [4]. En 2016, elle est également couronnée “Journaliste de l’année” lors de la cérémonie des European Diversity Awards à Londres [5] .

Depuis 2018, elle anime avec Grace Ly le podcast “Kiffe ta race”[e]. Les invités peuvent y discuter des réalités racistes, avec humour. Il est d’ailleurs considéré comme le pionnier dans le monde des podcasts antiracistes. [6] (N’hésite pas à lire la biographie de Grace Ly du 10 mars 2021).

sources :

[1] Babelio, “ Rokhaya Diallo” , disponible sur www.babelio.com, consulté le 20 avril 2021.
[2] Gala, Rokhaya Diallo”, disponible sur www.gala.fr, consulté le 20 avril 2021.
[3] M. Manel., “ Rohkaya Diallo”, disponible sur www.unwomensonu.wordpress.com , publié le 11 novembre 2020.
[4] Fnac, ‘ Rokhaya DIallo”, disponible sur www.fnac.com , consulté le 20 avril 2021.
[5] La Fonda, “Rokhaya Diallo”, disponible sur https://www.fonda.asso.fr, consulté le 20 avril 2021.
[6]L. Gabus “Le podcast, puissante arme antiraciste”, disponible sur https://lecourrier.ch, publié le 9 avril 2021
[a]On peut mettre un lien vers une des vidéos dans la description ? Si oui, je veux bien faire des recherches !
[b]Ouais hein ! juste les gens savent pas appuyer sur le lien en description ( c’est pas comme sur face) donc faut qu’ils aient la foi de faire un copier coller haha
[c]INCROYABLE
[d]On peut mettre un lien dans la bio vers le s
ite ?
[e]On peut mettre le lien aussi ?

George Washington Williams

George Washington Williams

George Washington Williams (1849-1891)

 

Débuts dans l’armée

Georges Washington Williams est un Afro-Américain, né en 1849 de parents affranchis, dans l’État de Pennsylvanie. Il quitte tôt les bancs de l’école pour s’engager en 1864, alors qu’il est encore mineur, dans la 41ème troupe américaine de couleur de l’armée de l’Union. La guerre de Sécession fait rage ; les États esclavagistes et sécessionnistes du Sud font face aux États abolitionnistes et unionistes du Nord. Williams participe ainsi à plusieurs batailles.

Comme de nombreux autres vétérans de cette guerre, il s’engagera ensuite dans l’armée de la République du Mexique pour démettre l’Empereur Maximilien, mis au pouvoir suite à une expédition française. N’ayant qu’une expérience militaire, à son retour du Mexique en 1867, il s’enrôle dans un régiment de cavalerie qui combat les Amérindiens des Plaines (1)

 Études et expériences

Il étudie brièvement à l’université noire de Howard puis se dirige vers des études théologiques à la Newton Theological Institution, il parvient à faire sa licence en 2 ans et acquiert une belle plume alors qu’il était quasiment illettré au sortir de l’armée. Il est le premier afro-américain à être diplômé de cet établissement. (3)

Les années suivantes, il enchaînera entre l’exercice de son métier de pasteur et son inclinaison pour le journalisme en créant ses propres titres.[b][c] Et ce, dans plusieurs villes du pays de Boston, Massachusetts à Cincinnati, Ohio. (1)
En 1879, alors qu’il n’ a que 30 ans, il décide de se représenter aux législatives de cet État. Il est élu à l’assemblée d’Ohio, le premier afro-américain à l’être, et se bat pour obtenir l’abrogation de la loi interdisant les mariages dits ”interraciaux”. Au même moment, il étudie le droit auprès du père du Président américain Williams Howard Taft.

Historien conséquent

En 1882 et 1883, George W. Williams publie un ouvrage conséquent en 2 volumes : “ Histoire de la race noire en Amérique de 1619 à 1880. Les Noirs comme esclaves, comme soldats et comme citoyens, avec une considération préliminaire sur l’unité de la famille humaine, un résumé historique de l’Afrique et un rapport sur les gouvernements noirs de la Sierra Leone et du Libéria[d][e][f]” dans lequel il traite des premiers royaumes africains jusqu’aux lendemains de la guerre de Sécession. Il est reconnu comme un pionnier par ses pairs car il utilise de nombreuses sources non-traditionnelles pour étayer son propos. (1)

Il fait alors de très nombreuses conférences dans tout le pays. Il rencontre de nombreuses personnalités américaines phares de l’époque : le poète Wadsworth Longfellow, les présidents Hayes et Cleveland…
Pris dans cet élan, il démultiplie les initiatives en faveur des vétérans de l’Union, de la mémoire de l’esclavage, travaille comme avocat, et continue à envoyer de nombreux articles aux journaux. (1)

Les prémices du Congo

Lors d’une réunion avec le Président Arthur, il est présenté à Henry S. Sanford, ancien ambassadeur américain en Belgique, devenu l’envoyé de Léopold II pour faire reconnaître le Congo par les Etats-Unis. Williams voit rapidement dans ce nouvel État, l’opportunité pour les Afro-américains à laquelle il aspirait dans son discours de fin d’étude; une possibilité pour eux de faire cesser l’asservissement des Africains et de progresser dans la société africaine, qui ne les limiterait pas.
Il devient alors un avocat énergique de la reconnaissance du Congo, en ajoutant le sujet à ces conférences, en écrivant à la commission compétente du Sénat, et aussi en proposant aux services de Léopold de recruter des Afro-américains au Congo. (1)

En 1889, il se rend à la conférence contre l’esclavage de Bruxelles. A cette occasion il s’entretient avec Léopold II, qui lui fait forte impression en disant : « Mon œuvre Là-bas est accomplie comme un devoir chrétien à l’égard du pauvre Africain ; je ne souhaite pas récupérer un centime de tout l’argent que j’ai dépensé.». Leopold II, très intéressé par le projet de Wiliams de faire travailler des Afro-américains au Congo, ne dit pas ces mensonges sans arrière-pensée. (1)

Lorsqu’il retourne aux Etats-Unis, et vente ce nouveau projet à un collège noir de l’Etat de Virginie, qui l’acceuillle avec scepticisme. Il met dès lors ce projet en pause et décide de se rendre au Congo pour rassembler la documentation nécessaire pour un nouveau livre. Méfiant quant aux intentions de Williams, Léopold II met tout en œuvre pour le décourager d’entreprendre ce voyage et lui demande de reporter son voyage de 5 ans en stipulant que tous les renseignements nécessaires me seraient fournis à Bruxelles” (6). Mais George W. Williams ne flanche pas, il ira au Congo.

L’enfer de l’Etat indépendant du Congo

Seulement en arrivant au Congo, il se rend compte que le Congo n’est pas la colonie gouvernée avec bienveillance que décrivait l’explorateur Stanley (voy. à ce sujet l’article « Stanley, les prémices de la colonisation »).Arrivé à Stanley Falls (capitale de l’époque), il écrit une Lettre ouverte au roi sur ce qu’il décrit comme “la Sibérie du continent africain” (7).

Williams fixe rapidement le cadre en commençant ainsi : “Toutes les accusations que je suis en train de porter contre le gouvernement personnel de votre majesté au Congo a fait l’objet d’une enquête minutieuse ; une liste de témoins compétents et crédibles, de documents, de lettres, de rapports et de données officielles, a été préparé avec exactitude minutieuse.”
Il rédige ensuite les accusations graves qui seront portées, plus de dix ans plus tard, par le mouvement international de protestation contre la situation au Congo.

Le combat d’une vie

Trois mois après, George Washington Williams écrit Un Rapport sur l’État et le Pays du Congo au Président de la République des États-Unis d’Amérique dans lequel il réitère ses accusations. Il affirme dedans que les États-unis avaient une responsabilité particulière sur le sort du Congo pour avoir reconnu et ainsi donné une réalité à cet État complètement artificiel. À la manière de sa première Lettre ouverte, il utilise des exemples personnels pour illustrer ses accusations : “On m’a offert des esclaves en plein jour; et la nuit, j’ai découvert des pirogues pleines d’esclaves liés solidement les uns aux autres”. Il conclut en demandant au président que ce gouvernement oppressif soit remplacé par un régime “local, et non européen; international et non national, juste et non cruel” (9).

Dans une nouvelle lettre au Secrétaire d’Etat américain (équivalent du/de la Ministre des Affaires étrangères), il estime que Léopold II est coupable de “crime contre l’humanité”; un terme encore jamais utilisé à cette époque et qu’on retrouvera plus de 50 années plus tard dans le procès des dignitaires nazis à Nuremberg. (10)

Déflagration internationale et fin prématurée

Dès la publication de sa Lettre ouverte à son retour d’Afrique, distribuée en Europe et aux États-Unis, le New York Herald lui consacra une colonne (11), la presse parisienne parle “d’un vrai scandale”. En Belgique, La Réforme et le Courrier de Bruxelles soutiennent le propos de Williams, malgré la campagne de Léopold II contre lui. (1)
Il finit son tour de l’Afrique et rencontre sa femme anglaise, sur la route du retour. Seulement la tuberculose qu’il a contracté au Caire (12) s’aggrave. Il meurt le 2 août 1981 à Blackpool en Angleterre, sans avoir pu entamer son projet de livre sur le Congo de Léopold II.

L’œuvre de George W. Williams constitue un jalon marquant de la littérature des droits de l’homme. Il restera comme l’homme audacieux, qui s’est dressé contre le roi et le racisme de l’époque. (1)

 

Sources:

(1) Adam Hochschild, Les Fantômes du roi Léopold, Chapitre VII : Le premier hérétique, p.176-196 (édition Tallandier)
(2) J.H. Franklin, George Washington Williams…, p. 10-11
(3) Blight, David (2001). Race and Reunion: The Civil War in American Memory. Cambridge: Belknap Press of Harvard University Press. p. 169
(4) Berlin, Ira (August 15, 1999), « Soldier, Scholar, Statesman, Trickster » (review of new edition of John Hope Franklin’s biography of George Washington Williams), The New York Times. Retrieved October 26, 2018.
(5) F. Bontick, Aux origines de l’Etat…, p.221 et 442
(6) George Washington Williams, Report on the Congress states and the Country to the President of the Republic of United States of America, p.265
(7) Wiliams à Huntington, 14 avril 1890, cité dans J.H Franklin, George Washington Wiliams…, p.191
(8) G.W Williams, An Open Letter to His Serene Majesty Leopold II, King of The Belgians and Sovereign of the Independent State of Congo, p. 243 254
(9) G.W Williams, A Report on Congo State …, p.277-279
(10) Wiliams à Blaine, 15 septembre 1890, cité dans F.Bontinck, Aux origines de l’Etat…, p.449
(11) New York Herald, 14 avril 1891
(12) Jr, Henry Louis Gates; Higginbotham, Evelyn Brooks (2004-04-29). African American Lives. Oxford University Press. pp. 890–892.

 

Léopold Sédar Senghor

Léopold Sédar Senghor

« Les Racistes Sont des Gens Qui Se Trompent de Colère »

Léopold Sédar Senghor, poète, écrivain, et homme d’État sénégalais ©Getty – Erling Mandelmann/Gamma-Rapho

Né le 9 octobre 1906 à Joal, au Sénégal, Léopold Sédar Senghor était un poète et écrivain. Il fut aussi le premier président de la République du Sénégal (1960-1980). Il marqua, entre autres, l’histoire en étant le premier Africain à siéger à l’Académie Française à partir de juin 1983. Léopold Sédar Senghor a commencé ses études au Sénégal et il est arrivé en France à 22 ans. Il a poursuivi son parcours scolaire à la Sorbonne puis au Lycée Louis-Le-Grand. Après la guerre, il a basculé dans le Parti communiste et a repris la chaire linguistique du Sénégal en 1960. A côté de sa carrière politique, il a continué à voyager et à enrichir son amour pour la poésie. Au cours d’un de ses voyages au Sénégal, Lamine Guèye (Chef de file local des socialistes) lui a proposé d’être candidat à la députation. Il a été élu député de la circonscription Sénégal Mauritanie à l’Assemblée nationale Française. Il a eu d’autres hauts postes tels que secrétaire d’Etat ou ministre conseiller, membre de la commission chargée d’élaborer la constitution ou encore conseiller général du Sénégal. En plus de sa carrière politique, Monsieur Senghor était médaillé d’or de langue française. Il a reçu plusieurs prix tels que le grand prix international de poésie de la Société des Poètes et artistes de France et de la langue française en 1963.

On retiendra de lui que c’était un défenseur du fédéralisme pour les Etats africains tout fraîchement indépendants. Sous sa présidence (1960-1980), il a également instauré le multipartisme et un système éducatif performant.

Sources

[1] http://www.presidence.sn/presidence/leopold-sedar-senghor.
[2] http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/leopold-sedar-senghor