Rokhaya Diallo

Rokhaya Diallo

Citations

* L’évolution actuelle du racisme ne pourra être infléchie qu’à une seule condition : que les fondements du fonctionnement de notre société soient remis en cause.

Bibliographie

Née le 10 avril 1978 dans le 4ème arrondissement de Paris, Rokhaya Diallo est militante féministe intersectionnelle et décoloniale d’origine sénégalaise et gambienne. À côté de ses combats, elle est aussi journaliste, réalisatrice , écrivaine, chroniqueuse et tient un podcast [1] [3].

Elle est connue en Europe pour ses prises de positions sur le racisme et le sexisme tant à la télévision qu’à la radio. Ses livres “ Racisme : mode d’emploi” ou encore “ M’explique pas la vie mec” reflètent ces combats qu’elle mène depuis plusieurs années [1]. Notons qu’elle lutte contre de multiples discriminations. Elle a également produit un documentaire ciblant le cyberharcèlement intitulé “Les réseaux de la haine”. [5]

Depuis sa jeunesse, Diallo a toujours eu la flamme du militantisme. Pour financer ses études, elle travaille au Conseil local de la jeunesse en 2000. Dans ce cadre professionnel, elle a pour mission d’aider les jeunes les plus défavorisés dans leur insertion professionnelle [2].

Elle obtient son diplôme en droit international et européen en 2000 et poursuit son cursus scolaire à l’Université Panthéon-Sorbonne où elle sort titulaire d’un master en marketing et distribution dans l’industrie audiovisuelle en 2003 [2].

En 2007, elle fonde l’association Les Indivisibles. L’objectif de cette association est de “ déconstruire les préjugés grâce à l’humour”[a][b] pour lutter contre le racisme [3]. Toujours dans cette même idée de dénoncer le racisme sur le ton de l’humour, elle a créé la cérémonie “ Y ‘a Bon Awards”[c] [d]qui récompense, chaque année, des célébrités pour leurs propos racistes [3].

En 2009, Diallo devient chroniqueuse pour la Matinale de Canal+ et rejoint la chaîne de radio RTL. Entre 2011 et 2013, elle présente “Égaux mais pas trop ” sur LCP. Elle anime aussi “Fresh cultures” sur la station Mouv’ depuis 2011[2].

Cette militante aux multiples emplois est devenue l’exemple de plusieurs femmes. Elle reçoit, en janvier 2012, le prix de la lutte contre le racisme et la discrimination par le Conseil pour la Justice, l’Égalité et la Paix international [4]. En 2016, elle est également couronnée “Journaliste de l’année” lors de la cérémonie des European Diversity Awards à Londres [5] .

Depuis 2018, elle anime avec Grace Ly le podcast “Kiffe ta race”[e]. Les invités peuvent y discuter des réalités racistes, avec humour. Il est d’ailleurs considéré comme le pionnier dans le monde des podcasts antiracistes. [6] (N’hésite pas à lire la biographie de Grace Ly du 10 mars 2021).

sources :

[1] Babelio, “ Rokhaya Diallo” , disponible sur www.babelio.com, consulté le 20 avril 2021.
[2] Gala, Rokhaya Diallo”, disponible sur www.gala.fr, consulté le 20 avril 2021.
[3] M. Manel., “ Rohkaya Diallo”, disponible sur www.unwomensonu.wordpress.com , publié le 11 novembre 2020.
[4] Fnac, ‘ Rokhaya DIallo”, disponible sur www.fnac.com , consulté le 20 avril 2021.
[5] La Fonda, “Rokhaya Diallo”, disponible sur https://www.fonda.asso.fr, consulté le 20 avril 2021.
[6]L. Gabus “Le podcast, puissante arme antiraciste”, disponible sur https://lecourrier.ch, publié le 9 avril 2021
[a]On peut mettre un lien vers une des vidéos dans la description ? Si oui, je veux bien faire des recherches !
[b]Ouais hein ! juste les gens savent pas appuyer sur le lien en description ( c’est pas comme sur face) donc faut qu’ils aient la foi de faire un copier coller haha
[c]INCROYABLE
[d]On peut mettre un lien dans la bio vers le s
ite ?
[e]On peut mettre le lien aussi ?

George Washington Williams

George Washington Williams

George Washington Williams (1849-1891)

 

Débuts dans l’armée

Georges Washington Williams est un Afro-Américain, né en 1849 de parents affranchis, dans l’État de Pennsylvanie. Il quitte tôt les bancs de l’école pour s’engager en 1864, alors qu’il est encore mineur, dans la 41ème troupe américaine de couleur de l’armée de l’Union. La guerre de Sécession fait rage ; les États esclavagistes et sécessionnistes du Sud font face aux États abolitionnistes et unionistes du Nord. Williams participe ainsi à plusieurs batailles.

Comme de nombreux autres vétérans de cette guerre, il s’engagera ensuite dans l’armée de la République du Mexique pour démettre l’Empereur Maximilien, mis au pouvoir suite à une expédition française. N’ayant qu’une expérience militaire, à son retour du Mexique en 1867, il s’enrôle dans un régiment de cavalerie qui combat les Amérindiens des Plaines (1)

 Études et expériences

Il étudie brièvement à l’université noire de Howard puis se dirige vers des études théologiques à la Newton Theological Institution, il parvient à faire sa licence en 2 ans et acquiert une belle plume alors qu’il était quasiment illettré au sortir de l’armée. Il est le premier afro-américain à être diplômé de cet établissement. (3)

Les années suivantes, il enchaînera entre l’exercice de son métier de pasteur et son inclinaison pour le journalisme en créant ses propres titres.[b][c] Et ce, dans plusieurs villes du pays de Boston, Massachusetts à Cincinnati, Ohio. (1)
En 1879, alors qu’il n’ a que 30 ans, il décide de se représenter aux législatives de cet État. Il est élu à l’assemblée d’Ohio, le premier afro-américain à l’être, et se bat pour obtenir l’abrogation de la loi interdisant les mariages dits ”interraciaux”. Au même moment, il étudie le droit auprès du père du Président américain Williams Howard Taft.

Historien conséquent

En 1882 et 1883, George W. Williams publie un ouvrage conséquent en 2 volumes : “ Histoire de la race noire en Amérique de 1619 à 1880. Les Noirs comme esclaves, comme soldats et comme citoyens, avec une considération préliminaire sur l’unité de la famille humaine, un résumé historique de l’Afrique et un rapport sur les gouvernements noirs de la Sierra Leone et du Libéria[d][e][f]” dans lequel il traite des premiers royaumes africains jusqu’aux lendemains de la guerre de Sécession. Il est reconnu comme un pionnier par ses pairs car il utilise de nombreuses sources non-traditionnelles pour étayer son propos. (1)

Il fait alors de très nombreuses conférences dans tout le pays. Il rencontre de nombreuses personnalités américaines phares de l’époque : le poète Wadsworth Longfellow, les présidents Hayes et Cleveland…
Pris dans cet élan, il démultiplie les initiatives en faveur des vétérans de l’Union, de la mémoire de l’esclavage, travaille comme avocat, et continue à envoyer de nombreux articles aux journaux. (1)

Les prémices du Congo

Lors d’une réunion avec le Président Arthur, il est présenté à Henry S. Sanford, ancien ambassadeur américain en Belgique, devenu l’envoyé de Léopold II pour faire reconnaître le Congo par les Etats-Unis. Williams voit rapidement dans ce nouvel État, l’opportunité pour les Afro-américains à laquelle il aspirait dans son discours de fin d’étude; une possibilité pour eux de faire cesser l’asservissement des Africains et de progresser dans la société africaine, qui ne les limiterait pas.
Il devient alors un avocat énergique de la reconnaissance du Congo, en ajoutant le sujet à ces conférences, en écrivant à la commission compétente du Sénat, et aussi en proposant aux services de Léopold de recruter des Afro-américains au Congo. (1)

En 1889, il se rend à la conférence contre l’esclavage de Bruxelles. A cette occasion il s’entretient avec Léopold II, qui lui fait forte impression en disant : « Mon œuvre Là-bas est accomplie comme un devoir chrétien à l’égard du pauvre Africain ; je ne souhaite pas récupérer un centime de tout l’argent que j’ai dépensé.». Leopold II, très intéressé par le projet de Wiliams de faire travailler des Afro-américains au Congo, ne dit pas ces mensonges sans arrière-pensée. (1)

Lorsqu’il retourne aux Etats-Unis, et vente ce nouveau projet à un collège noir de l’Etat de Virginie, qui l’acceuillle avec scepticisme. Il met dès lors ce projet en pause et décide de se rendre au Congo pour rassembler la documentation nécessaire pour un nouveau livre. Méfiant quant aux intentions de Williams, Léopold II met tout en œuvre pour le décourager d’entreprendre ce voyage et lui demande de reporter son voyage de 5 ans en stipulant que tous les renseignements nécessaires me seraient fournis à Bruxelles” (6). Mais George W. Williams ne flanche pas, il ira au Congo.

L’enfer de l’Etat indépendant du Congo

Seulement en arrivant au Congo, il se rend compte que le Congo n’est pas la colonie gouvernée avec bienveillance que décrivait l’explorateur Stanley (voy. à ce sujet l’article « Stanley, les prémices de la colonisation »).Arrivé à Stanley Falls (capitale de l’époque), il écrit une Lettre ouverte au roi sur ce qu’il décrit comme “la Sibérie du continent africain” (7).

Williams fixe rapidement le cadre en commençant ainsi : “Toutes les accusations que je suis en train de porter contre le gouvernement personnel de votre majesté au Congo a fait l’objet d’une enquête minutieuse ; une liste de témoins compétents et crédibles, de documents, de lettres, de rapports et de données officielles, a été préparé avec exactitude minutieuse.”
Il rédige ensuite les accusations graves qui seront portées, plus de dix ans plus tard, par le mouvement international de protestation contre la situation au Congo.

Le combat d’une vie

Trois mois après, George Washington Williams écrit Un Rapport sur l’État et le Pays du Congo au Président de la République des États-Unis d’Amérique dans lequel il réitère ses accusations. Il affirme dedans que les États-unis avaient une responsabilité particulière sur le sort du Congo pour avoir reconnu et ainsi donné une réalité à cet État complètement artificiel. À la manière de sa première Lettre ouverte, il utilise des exemples personnels pour illustrer ses accusations : “On m’a offert des esclaves en plein jour; et la nuit, j’ai découvert des pirogues pleines d’esclaves liés solidement les uns aux autres”. Il conclut en demandant au président que ce gouvernement oppressif soit remplacé par un régime “local, et non européen; international et non national, juste et non cruel” (9).

Dans une nouvelle lettre au Secrétaire d’Etat américain (équivalent du/de la Ministre des Affaires étrangères), il estime que Léopold II est coupable de “crime contre l’humanité”; un terme encore jamais utilisé à cette époque et qu’on retrouvera plus de 50 années plus tard dans le procès des dignitaires nazis à Nuremberg. (10)

Déflagration internationale et fin prématurée

Dès la publication de sa Lettre ouverte à son retour d’Afrique, distribuée en Europe et aux États-Unis, le New York Herald lui consacra une colonne (11), la presse parisienne parle “d’un vrai scandale”. En Belgique, La Réforme et le Courrier de Bruxelles soutiennent le propos de Williams, malgré la campagne de Léopold II contre lui. (1)
Il finit son tour de l’Afrique et rencontre sa femme anglaise, sur la route du retour. Seulement la tuberculose qu’il a contracté au Caire (12) s’aggrave. Il meurt le 2 août 1981 à Blackpool en Angleterre, sans avoir pu entamer son projet de livre sur le Congo de Léopold II.

L’œuvre de George W. Williams constitue un jalon marquant de la littérature des droits de l’homme. Il restera comme l’homme audacieux, qui s’est dressé contre le roi et le racisme de l’époque. (1)

 

Sources:

(1) Adam Hochschild, Les Fantômes du roi Léopold, Chapitre VII : Le premier hérétique, p.176-196 (édition Tallandier)
(2) J.H. Franklin, George Washington Williams…, p. 10-11
(3) Blight, David (2001). Race and Reunion: The Civil War in American Memory. Cambridge: Belknap Press of Harvard University Press. p. 169
(4) Berlin, Ira (August 15, 1999), « Soldier, Scholar, Statesman, Trickster » (review of new edition of John Hope Franklin’s biography of George Washington Williams), The New York Times. Retrieved October 26, 2018.
(5) F. Bontick, Aux origines de l’Etat…, p.221 et 442
(6) George Washington Williams, Report on the Congress states and the Country to the President of the Republic of United States of America, p.265
(7) Wiliams à Huntington, 14 avril 1890, cité dans J.H Franklin, George Washington Wiliams…, p.191
(8) G.W Williams, An Open Letter to His Serene Majesty Leopold II, King of The Belgians and Sovereign of the Independent State of Congo, p. 243 254
(9) G.W Williams, A Report on Congo State …, p.277-279
(10) Wiliams à Blaine, 15 septembre 1890, cité dans F.Bontinck, Aux origines de l’Etat…, p.449
(11) New York Herald, 14 avril 1891
(12) Jr, Henry Louis Gates; Higginbotham, Evelyn Brooks (2004-04-29). African American Lives. Oxford University Press. pp. 890–892.

 

Léopold Sédar Senghor

Léopold Sédar Senghor

« Les Racistes Sont des Gens Qui Se Trompent de Colère »

Léopold Sédar Senghor, poète, écrivain, et homme d’État sénégalais ©Getty – Erling Mandelmann/Gamma-Rapho

Né le 9 octobre 1906 à Joal, au Sénégal, Léopold Sédar Senghor était un poète et écrivain. Il fut aussi le premier président de la République du Sénégal (1960-1980). Il marqua, entre autres, l’histoire en étant le premier Africain à siéger à l’Académie Française à partir de juin 1983. Léopold Sédar Senghor a commencé ses études au Sénégal et il est arrivé en France à 22 ans. Il a poursuivi son parcours scolaire à la Sorbonne puis au Lycée Louis-Le-Grand. Après la guerre, il a basculé dans le Parti communiste et a repris la chaire linguistique du Sénégal en 1960. A côté de sa carrière politique, il a continué à voyager et à enrichir son amour pour la poésie. Au cours d’un de ses voyages au Sénégal, Lamine Guèye (Chef de file local des socialistes) lui a proposé d’être candidat à la députation. Il a été élu député de la circonscription Sénégal Mauritanie à l’Assemblée nationale Française. Il a eu d’autres hauts postes tels que secrétaire d’Etat ou ministre conseiller, membre de la commission chargée d’élaborer la constitution ou encore conseiller général du Sénégal. En plus de sa carrière politique, Monsieur Senghor était médaillé d’or de langue française. Il a reçu plusieurs prix tels que le grand prix international de poésie de la Société des Poètes et artistes de France et de la langue française en 1963.

On retiendra de lui que c’était un défenseur du fédéralisme pour les Etats africains tout fraîchement indépendants. Sous sa présidence (1960-1980), il a également instauré le multipartisme et un système éducatif performant.

Sources

[1] http://www.presidence.sn/presidence/leopold-sedar-senghor.
[2] http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/leopold-sedar-senghor
Stanley,  Les Prémices de la Colonisation

Stanley, Les Prémices de la Colonisation

Stanley, Les Prémices de la Colonisation

POUR COMMENCER …

La  colonisation du Congo commence en 1867. La prise de possession par le Roi Léopold II ne se fait qu’en 1885 (Année où il se proclame roi de l’Etat indépendant du Congo). Avant cette annexion du Congo à la Belgique, la colonisation commence sous les pas de Henry Morton Stanley.  Personnage ambivalent, il est le premier européen explorateur à avoir traversé le fleuve Congo. Il pose les bases de la colonisation belge au Congo et est responsable de plusieurs crimes de masse [2].

Le journaliste et explorateur britannique, Henry Morton Stanley, a joué un rôle essentiel dans les débuts de la colonisation du Congo. Vers la moitié du XIXe siècle, les intellectuels européens s’intéressent à la cartographie d’un continent vu comme mystérieux : l’Afrique.  L’explorateur mène deux voyages. Le premier en 1873 à la demande du journal le New York Herald, où il part  à la recherche d’un explorateur anglais porté disparu, Mr.Livingstone (6). Cette première expérience du continent le mène à être financé par deux journaux : le Daily Telegraph et le New York Herald, afin de cartographier les grandes rivières et lacs d’Afrique équatoriale. Ses écrits suscitent un grand enthousiasme, en Europe ils seront traduit en huit langues (Danois, Suédois, Italien, Français, Portugais  et Espagnol) .

LEOPOLD II

Léopold est lui aussi un fidèle lecteur des fameux périples de Stanley. Il imaginait que ce vaste territoire à peine exploré pouvait devenir un jour la colonie dont il avait toujours rêvé. Pour cela, il envoie deux délégués, le baron Jules Greindl et le général Henry Shelton Sanford, requérir ses services. Stanley refuse d’abord, espérant travailler pour l’Angleterre ou les États-Unis, mais ni l’un ni l’autre ne souhaitent s’engager étant trop préoccupés par leur crises intérieures. Il accepte finalement la proposition de Léopold II, et les deux hommes se rencontrent pour la première fois en juin 1878. Un accord est alors signé. En cinq ans, Stanley doit acquérir le Congo en créant diverses implantations dans le bas Congo (région proche de la côte Atlantique)  et ensuite dans le Pool (lac Pool Malebo actuel près de Kinshasa). Il doit aussi faire reconnaître aux chefs du territoire congolais la souveraineté belge. Léopold lui fournira des financements et s’occupera de la stratégie [1]. 

Colonisation Et Implantations

Pour fonder ces implantations, il passe des traités avec de nombreux chefs congolais autorisant la location de leurs parcelles de terres en contrepartie de marchandises telles que du gin, des étoffes ou des couteaux notamment. Au début, ces négociations pouvaient durer des journées entières, pour aboutir à un accord plus ou moins juste. Quand les manœuvres ne fonctionnaient pas, il tuait le chef et négociait avec son successeur. Si l’opposition se fait plus générale, il n’hésite pas à recourir à la violence extrême, en faisant l’utilisation d’armes industrielles contre les villageois voire même brûler des villages entiers. Il écrira« nous avons attaqué et détruit vingt-huit grandes villes et trois ou quatre villages »Une autre de ces méthodes consistait à  provoquer des guerres pour affaiblir les États et pouvoir négocier à son avantage.

En 1882, quand Léopold voit que d’autres puissances européennes comme le Portugal ou l’Allemagne se lancent dans cette même quête d’achat de parcelles, il se lasse et presse Stanley.  À présent, son envoyé doit obtenir des régions entières plus rapidement. Le roi déclare “la lecture des traités conclus par Stanley avec les chefs ne me satisfait pas. Il faut y ajouter au moins un article portant qu’ils nous délèguent leur droits souverains sur le territoire (…) Il faut que dans un article ou deux ils nous accordent tout” (5). En moins de 4 ans, 400 traités furent signés, bien entendu ceux-ci étaient rédigés en anglais ou en français, des langues incompréhensibles pour les chefs. La signature de ces traités se résume pour les indigènes à dessiner une croix au bas d’une feuille pleine de symboles qui leur étaient inconnus. A chaque fois qu’un traité sera signé, un drapeau bleu foncé orné d’une étoile jaune sur le milieu flottera par dessus le village (le bleu représentant l’obscurité dans la quels ils se trouvaient et le jaune la lumière de la civisation) [1].

Il est difficile d’évaluer l’étendue des violences perpétrées par Stanley car elles n’ont pas été répertoriées précisément. En effet, il était le seul à établir la documentation pendant ses expéditions. Il avouera quand même à plusieurs reprises ses actes d’extrême violence. .  De plus, de nombreuses sources l’accusent de massacres impunément sur des villages entiers [5]. En tant qu’anglais, ses objectifs sont plus marchands que nationalistes. Son but premier est de favoriser le libre-échange pour les puissances européennes, plus que de garantir la souveraineté du roi belge. Pour vanter les possibilités de la colonisation, il présente  les habitants du bassin comme un nouveau marché “de 40 millions de personnes nues à vêtir avec du coton de Manchester”, ce qui est fauxConformément à son pacte avec le roi, il “sécurise” et balise l’accès à l’intérieur des terres congolaises pour y favoriser le commerce, non sans brutalité. Il fait construire des comptoirs commerciaux pour faciliter les voyages en bateau à vapeur. Le fleuve Congo n’étant pas praticable en raison d’immenses chutes d’eau; il exploite des “porteurs” enrôlés de force pour acheminer le matériel de Boma sur la côte Atlantique à Stanley Pool, (actuel Kinshasa). Ces porteurs mourront par centaines [3].

POUR CONCLURE…

Les Congolais l’appelleront “Bula Matari”, en français : le casseur de pierres. Cela rappelle l’usage de la dynamite qu’il utilisait et sa brutalité envers  la population locale. Ce nom lui viendrait aussi du chemin de fer qu’il avait fait construire pour remplacer les trajets qui étaient  jusque-là effectués par des porteurs. Cette construction  se révélera extrêmement meurtrière.  Certains estiment le nombre de morts à un par traverse (pièce de bois placée en travers de la voie pour maintenir l’écartement des rails) [4].

Stanley n’était pas un exécutant fiable pour Léopold II. Il décide alors de ne pas renouveler son contrat avec ce dernier qui s’attendait pourtant à être nommé gouverneur du nouvel État indépendant du Congo en 1885. Ce sera un autre anglais, Francis de Winton qui sera nommé à sa place.(6)

Les excès de violence de Stanley et de ses hommes de main marqueront durablement la région. Un héritage sanglant qui marquera la nouvelle colonie au fer rouge.

BIBLIOGRAPHIE

[1] Congo, une histoire – David Van Reybrouck

[2] Les fantômes du roi Léopold – Adam Hochschild

[3] https://comptoir.org/2014/10/08/le-congo-belge-de-leopold-ii-les-origines-du-massacre/ 

[4] https://curieuseshistoires-belgique.be/henry-morton-stanley-le-conquistador-deprave/ 

[5] https://www.latimes.com/archives/la-xpm-1990-11-11-bk-5978-story.html 

     https://en.wikipedia.org/wiki/Henry_Morton_Stanley

[6] Henry Morton Stanley, cinq années au Congo, 1000 879 984. Voyage, exploration, fondation de l’État libre du Congo, Bruxelles, Institut national de géographie, 1885

[7] Building Congo, Writing Empire: The Literary Labours of Henry Morton Stanley

 

 

 

 

Kimberlé Crenshaw

Kimberlé Crenshaw

“ When feminism does not explicitly oppose racism, and when antiracism does not incorporate opposition to patriarchy, race and gender politics often end up being antagonistic to each other and both interests lose ”

Traduction : Lorsque le féminisme ne s’oppose pas explicitement au racisme, et lorsque l’antiracisme n’intègre pas l’opposition au patriarcat, les politiques de race et de genre finissent souvent par être antagonistes l’une de l’autre et les deux intérêts perdent

Kimberlé Crenshaw

The Ethics Centre, « Big Thinker: Kimberlé Crenshaw », The Ethics Centre, disponible 19 octobre 2022, https://ethics.org.au/big-thinker-kimberle-crenshaw/

Femme féministe, avocate, professeure d’université et militante pour les droits humains. Elle commence ses études universitaires en 1981 avec un bachelier en gouvernement et études africaines à Cornell. Elle poursuit avec l’équivalent d’un master en droit à Harvard en 1984 et à la Wisconsin Law School en 1985. En 1986 elle devient professeure à la faculté de droit de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) et à la Columbia Law School. C’est dans cette même université que 9 ans plus tard elle fonde le Centre d’Etude pour l’Intersectionnalité et les Politiques Sociales (Center for Intersectionnality and Social Policy Studies)(1).
  • 1989: Elle crée le concept d’intersectionnalité et la théorie critique de la race (Critical race theory).
Elle définit l’intersectionnalité dans « Demarginalizing the intersection of Race and Sex ». Elle critique les lois anti-discriminations des USA qui ne couvrent que le sexisme ou le racisme. Selon son analyse, les femmes noires subissent dans le monde professionnel une double discrimination — raciale et sexiste — qui est souvent non reconnue par les tribunaux (2). Selon Kimberle Crenshaw, la théorie critique de la race vise le fait que la loi et les institutions juridiques sont racistes. De même que la race est un concept socialement construit utilisé par les blancs pour promouvoir leurs intérêts économiques et politiques aux dépens des personnes racisées (ceci s’appelle le racisme scientifique).[a][b] En bref, l’inégalité raciale provient des différences sociales, économiques et juridiques que les blancs ont créées pour maintenir leurs intérêts sur le marché du travail et dans la politique, ce qui donne lieu à la pauvreté et à la criminalité (3).
  • 1996 : elle co-fonde le think tank African American Policy Forum qui soutient la recherche sur les violences perpétrées contre les femmes racisées aux USA. Le but est de faire bouger les questions de justice ethnique et genrée (4).
  • 2001 : Conférence des Nations Unies contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. Elle rédige le document de référence sur la discrimination raciale et sexuelle pour la Conférence mondiale (5).
  • 2014 : elle créée la campagne #SayHerName sur Twitter. Ces tweets rassemblent des témoignages de violences policières contre des femmes. Ce mouvement se considère comme faisant partie du mouvement Black Lives Matter (6).
  • 2015: African American Policy Forum poursuit ses actions avec #BlackGirlsMatter : Pushed Out, Overpoliced, Underprotected. La campagne indique une série de recommandations aux politiques sociales des USA pour que les besoins spécifiques des petites filles noires soient pris en considération. La même année le magazine féministe américain Ms. Magazine la nomme la « féministe la plus inspirante » (7).
 

Sources

(1) Bertille G., « Kimberlé Crenshaw : la mère de l’intersectionnalité », Feminists in the City, disponible sur https://www.feministsinthecity.com/blog/kimberle-crenshaw-intersectionnalite, 24 septembre 2019.; Laugier S., « Kimberlé Crenshaw, la juriste qui a inventé "l’intersectionnalité" », BiblioOBS, disponible sur https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20190109.OBS8245/kimberle-crenshaw-la-juriste-qui-a-invente-l-intersectionnalite.html, 09 janvier 2019.
(2) Janssen B., “ Intersectionnalité : de la théorie à la pratique”, disponible sur www.cepag.be, novembre 2017, pp. 2-3.
(3) Curry T., "Critical race theory", Encyclopedia Britannica, disponible sur https://www.britannica.com/topic/critical-race-theory, 28 Mai 2020.
(4) Bertille G. & Laugier S.
(5) « Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée », disponible sur https://www.un.org/french/WCAR/, 2001.
(6) Blanchard D. et Mehta J., “Say Her Name: How The Fight For Racial Justice Can Be More Inclusive Of Black Women”, NPR, disponible sur npr.org/sections/live-updates-protests-for-racial-justice/2020/07/07/888498009/say-her-name-how-the-fight-for-racial-justice-can-be-more-inclusive-of-black-wom?t=1614688821873, Juillet 2020.
(7) Bertille G.

[a]Source après ce statement, plusieurs seraient idéales étant donné que c'est une assomption forte, et beaucoup risquent de se sentir attaqués par cette phrase
[b]ça s'appelle le "scientific racism" et ça remonte au 19e siècle... Que les fragiles se pointent, je les attends !